Bruxelles by Crozes-Hermitage est un webmag fait de rencontres, de reportages et d’histoires où le vin est le fil conducteur. Il est dédié à Crozes-Hermitage et à Bruxelles, une ville où le vin est synonyme de convivialité. En cela, les deux font la paire. Mieux, l’appellation française et la capitale belge ont bien des accointances comme vous le découvrirez au gré de nos pérégrinations dans une ville où la vie est plus forte que tout.
Alex Visorek
Belge option humour
Entre deux allers-retours à Paris, le virevoltant humoriste nous a ouvert les portes de son domicile d’Ixelles. Rencontre avec un passionné de vin.
Aujourd’hui, vous avez les honneurs quotidiens de France Inter en France…
Cela fait quelques années maintenant que je travaille avec France Inter et c’est toujours un grand plaisir. L'émission que nous animons avec Charline Vanhoenacker est un beau succès. Mais c’est aussi beaucoup de stress pour Charline et moi !
Parlez-nous un peu de votre rapport au vin.
Déjà, il y a une similitude entre l’humoriste et l’amateur de vin, qui est celle de l’art de la mise en situation !
Avant une vanne, c’est un peu comme avant la dégustation. Pour bien savourer, il faut un conditionnement, une mise en situation !
Votre bar à vin fétiche…
À Bruxelles, avec les bistrots de qualité que nous avons, ce ne sont pas les propositions qui manquent. Si vous prenez La Mirabelle près du cimetière d’Ixelles, un endroit de qualité et qui ouvre assez tard, vous pouvez vous régaler notamment avec un steak-frites sauce béarnaise… Je pense d’ailleurs qu’ils ont au moins une bouteille de Crozes-Hermitage à la carte, si ce n’est plusieurs !
« Les Syrah des Crozes-Hermitage ont cette faculté de donner du plaisir »
Voilà bientôt trois ans que le sommelier Maxim de Muynck a rejoint L’Air du Temps, le restaurant doublement étoilé de Sang Hoon Degeimbre. Un lieu qui booste l’inventivité…
Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le chef de l’Air du Temps ?
« J’aime la cuisine de Sang Hoon Degeimbre qui trouve son inspiration dans le monde végétal. Les accents floraux, les notes fruitées, les effluves minéraux se conjuguent dans les assiettes et adoptent un profil qui les rapproche de l’équilibre d’un vin. Texture, fraîcheur, parfums, longueur, gras, gourmandise harmonieusement organisés rappellent l’architecture d’une cuvée de rouge, la tension d’un blanc. Il y a là un challenge important à trouver le flacon qui emportera l’adhésion… »
Parmi vos références, vous avez plusieurs Crozes-Hermitage. Qu’est-ce qui vous plaît en eux ?
« J’ai six Crozes-Hermitage à la carte. C’est une appellation que j’aime bien. Les tanins y sont fins, il y a de belles acidités, mais aussi de la rondeur, des parfums, du goût, et puis cette légèreté et ce petit côté pointu en fin de bouche. »
Et côté accords, que privilégiez-vous ?
« Les Syrah des Crozes-Hermitage ont cette faculté de donner du plaisir, d’offrir de la gourmandise. Tout en gardant un caractère dynamique et une énergie contenue qui là encore correspondent bien aux recettes de Sang. Je propose plus facilement un blanc volumineux sur l’ananas frais, foie gras et anguille fumée, un mariage qui se construit sur l’échange, sur un dialogue au phrasé délicat. Quand il est tendu, je vois mieux les Saint-Jacques snackées et macérées au dongchimi, une lacto-fermentation comme la choucroute, purée de topinambour et meringue de citron. »
Art et vin, mix gourmand
Dans une ville qui a retrouvé tout son bel appétit pour l’art, le chassé-croisé semble bien amorcé entre plaisirs de l’œil et de la bouche. Ça promet !
Une tradition locale ? Rien de moins sûr. À visiter les musées de la ville, il faut se rendre à l’évidence, vin et art n’ont pas toujours fait bon ménage. En tout cas, pas ici. À peine quelques allusions, admirables picturalement parlant, mais pas folichonnes pour ce qui est de la vision. Dans les deux versions de « La Tentation de Saint-Antoine », les trinqueurs de Jérôme Bosch sont plutôt inquiétants et les pochards d’Ensor sont franchement sinistres.
La fièvre de l’art contemporain qui saisit Bruxelles, la prolifération des centres d’art et galeries, le succès des grandes foires, l’arrivée de jeunes artistes pourraient bien changer radicalement la donne.
En atteste la création d’un master food design à l’Académie royale des Beaux-Arts. Mais c’est dans les bistrots et les concept stores qu’éclot un nouveau style de convivialité, où créativité et gourmandise font un heureux mélange. Déliant les langues sans envahir l’espace, le vin y tient sa place sans se pousser du col. Quelque papesse des tendances ne tardera pas à identifier le phénomène et à amplifier le mouvement. En attendant le déclic des blogueuses ou le mini-plan des wine bars arty, on vous donne quelques indices…
Les bistrots font recette
Certains n’ont pas attendu l’ultime mode parisienne et avaient depuis longtemps anticipé ; mais la bistronomie gagne du terrain et devient phénomène social.
Prenez une ambiance bistrot, avec menu à l’ardoise et vin au verre. Ajoutez-y une cuisine simple, fraîche, inventive et de terroir. Assaisonnez le tout d’un choix de vins qui privilégie les cuvées artisanales, les caves particulières et les productions nature et vous avez la recette de la bistronomie.
Venue de France, la formule contamine – et c’est tant mieux – Bruxelles et les Bruxellois, toujours plus nombreux à siroter à la cool les plats des chefs décontractés du quartier d’Ixelles ou de la rue de Flandre, et qui comptent parmi les plus excitants du moment. Vraie messe dédiée au culte du bon produit, la bistronomie appartient dorénavant au patrimoine collectif des Bruxellois.
“Au plat pays, la cuisine est devenue religion”.