Franck Faugier
Domaine des Hauts Châssis
Entre deux coups de sécateur pendant l’épamprage, le vigneron Franck Faugier nous a raconté l’histoire des Hauts Châssis, une ferme en polyculture qui a rejoint une cave coopérative, avant de redevenir un domaine à part entière depuis presque 20 ans. Regroupés sur la plaine des Châssis, 17 hectares de Crozes-Hermitage sont cultivés en bio, en suivant les préceptes d’un bon sens paysan, transmis depuis des générations et à expérimenter pour l’avenir.
« La sixième génération est prête »
« Le domaine familial remonte jusqu’à 5 générations. Je l’ai connu sous mon grand-père avec des chèvres et des cochons, typiques des fermes d’ici en polyculture. Jusque dans les années 1960, le domaine vinifiait et faisait son propre vin, puis il est rentré en coopérative par souci de praticité et de rentabilité. Quand j’ai repris le domaine en 1998 avec mon père, le raisin était livré en coopérative, j’ai donc lancé la création de la partie cave pour sortir de la Cave de Tain dès 2002. Dès lors, le domaine était recréé ! Mon fils va bientôt rentrer au domaine, la sixième génération est prête ! »
« Ramener du bon sens agricole »
« Nous sommes certifiés en bio depuis 2017, après une période de conversion. Ce n’était pas un objectif en soi, ça a juste découlé naturellement de nos habitudes. Dès les années 2000 nous avons commencé à travailler les sols mécaniquement, car je n’aimais pas le principe des désherbants, puis petit à petit, nous avons supprimé les insecticides. Pour être considéré comme agriculture biologique, il ne fallait plus que supprimer quelques fongicides ! C’est finalement ramener du bon sens agricole dans ses habitudes, comme veiller aux jours fruit et aux jours racine, utiliser des préparations à base de plantes, diminuer l’utilisation de soufre et de cuivre qui risquent de nuire au sol, replanter des haies, installer des nichoirs pour les mésanges et les chauves-souris... »
« Le métier de vigneron, c’est de s’adapter à la nature »
« La canicule de 2003, mon premier millésime vinifié au domaine, était considérée comme un accident à l’époque. Désormais, on ressent ce réchauffement climatique par le manque d’eau récurrent depuis 4 ans. Cela nous demande une capacité d’adaptation dans nos pratiques culturales, comme repenser le niveau de feuillage et ne plus élaguer systématiquement ou pratiquer des vendanges entières qui ramèneront de la fraîcheur. Après tout, le métier de vigneron, c'est de s’adapter à la nature, donc à nous de faire avec ! »
« Ce sont les premières vignes qu’a replantées mon arrière-grand-père »
« Côté rouge, nous avons la cuvée Esquisse, issue de vignes d’une vingtaine d’années, vinifiée en cuves inox, puis mis en bouteille en printemps, dès que le vin semble prêt. Par exemple, 2022 a été mis en bouteille début mars et est déjà commercialisé. Ce vin gourmand sur le fruit présente des tannins fondus. C’est une première approche du Crozes-Hermitage avec une forte identité de syrah, pour la montrer dans sa plus simple expression.
Proche d’Esquisse, mais avec plus de structure, d’allonge et de matière, il y a Les galets, une cuvée issue de vignes qui ont entre 40 et 50 ans, qui passe par 12 mois d’élevage en barrique d’au moins 4 à 7 ans, pour ne pas donner un vin boisé, mais assouplir ses tannins et préserver le fruit.
Puis, il y a Les Chassis, la cuvée parcellaire du lieu-dit « Les Châssis » : ce sont les premières vignes qu’avait replantées mon arrière-grand-père, il y a une centaine d’années. Cette cuvée est élevée 12 mois, uniquement dans des barriques de 600 litres. Ses tannins sont très soyeux, on sent l’âge des vignes. Plus une vigne vieillit, plus elle donne de matière et de souplesse tannique dans les vins. »
« Mon fils a voulu apporter sa patte avec cette cuvée ! »
« Pour les Crozes-Hermitage en blanc, il y a la cuvée l’Essentiel, un assemblage de marsanne et de roussanne. Mon fils a également voulu apporter sa patte avec la nouvelle cuvée Aurora en 100% roussanne. C’est un petit volume de 800 litres qu’on a mis en élevage pour en faire une cuvée à part entière ou pour l’assembler si jamais le résultat n’était pas au rendez-vous. Ça a très bien collé alors on a continué à l’élever pour une cuvée un peu plus haut de gamme avec de l’allonge. Le vin est élevé dans des barriques de 400 litres, élaborées par un tonnelier que mon fils a connu pendant ses voyages. Celles-ci présentent un résultat très peu brûlé grâce à une technique de cintrage à la vapeur et de chauffe blonde. »
Domaine des Hauts Châssis
995 Les Hauts Châssis
26600 La Roche-de-Glun
Tél. : 04 75 84 50 26 - www.hauts-chassis.com