Sandra Combat
Domaine des Combat
« Vigneron à Mercurol, c’est le meilleur métier du monde ! » À la tête du Domaine des Combat depuis deux ans, Sandra orchestre un vignoble centenaire, toujours choyé par son père, et une cave récente qui permet (enfin !) au domaine de vinifier son vin depuis 2017. Pétulante et déterminée, la jeune femme parvient à faire rayonner Crozes-Hermitage… jusqu’en Thaïlande. Rencontre avec cette baroudeuse du vin qui est rentrée au bercail pour faire bouger les lignes et les vignes.
« Les vignes sont vieilles, mais la cave est jeune ! »
« Dans notre vignoble, il y a des vignes qui ont plus de cinquante ans, d’autres qui ont seulement une dizaine d’années… On se rend compte que c’est un travail sur des décennies pour réussir à avoir une jolie bouteille ! Le nom du Domaine des Combat rend donc hommage à nos ancêtres qui ont travaillé pour qu’un jour, on puisse s’installer et créer notre cave. Récemment, j’ai vu le papier signé de la main de mon arrière-grand-père pour la fondation de la Cave de Tain en 1933, ça fait quelque chose ! Quand on remonte les ancêtres de mon père, ce sont des paysans à Mercurol depuis le XVIIe. À l’époque, on vivait de la polyculture des fruits, mais dès 1933, notre famille a fait partie des précurseurs à investir dans la vigne en tant que coopérateurs. Puis, mon frère a émis le souhait de pouvoir vinifier notre vin, on s’est donc lancé en 2017 pour créer notre cave. »
« Des vins caméléons »
« Pour notre premier millésime à la cave, nous avons retravaillé les profils des vins pour que notre gamme puisse incarner chacun des moments de consommation. La syrah permet une telle diversité dans les vins, elle donnera des expressions si différentes en fonction de l’âge des vignes et des méthodes de macération et d’extraction. Pour nos cuvées, nous essayons d’avoir des vins caméléons : des très fruités pour l’apéro, des vins à boire pendant le repas, des vins à faire vieillir… Par exemple, notre cuvée Bacchus est “glouglou” alors que L’Exception’Elle, issue d’un travail parcellaire et d’un élevage en fût, a un potentiel de vieillissement, du corps et du caractère qui appellent un repas festif avec du gibier. Quant à notre seule cuvée de blanc, on a choisi une fermentation en barrique pour apporter du gras et de la rondeur afin qu'on puisse la servir dès l’apéro puis tout au long du repas. »
« C’est chouette de savoir que notre nom est partout ! »
« Depuis les deux années que je dirige le domaine, j’ai principalement apporté un travail sur le développement commercial de l’entreprise et l’export. Je suis arrivée dans un contexte de pandémie où il n’y avait plus de salons pour se faire connaître. Nous avons donc monté une stratégie pour travailler l’ouverture sur le monde. Aujourd’hui, nos vins sont présents en Belgique, en Thaïlande, aux États-Unis… Le challenge qui m’anime est de faire en sorte qu’un produit culturel comme le vin puisse intégrer d’autres cultures. J’ai vécu en Chine, et là-bas, il n’y a pas de bouteille de vin sur la table pendant les repas dominicaux ! »
« Réussir à se démarquer parmi la soixantaine de domaines de l’appellation »
« Je dirige la cave, mais je ne suis pas seule. Mon père me transmet beaucoup, il fait même encore des heures de tracteurs ! Nous avons également deux employés agricoles permanents et jusqu’à quinze ou vingt saisonniers l’été. J’échange aussi régulièrement avec notre œnologue-conseil. Son expertise est précieuse, car il a beaucoup travaillé sur les syrahs du sud de la vallée du Rhône, il sait donc comment faire pour garder un maximum de fraicheur et de légèreté, en jouant sur la date des vendanges, les macérations, plus de pigeage que de remontage… Et puis, il faut bien réussir à se démarquer parmi la soixantaine de domaines de l’appellation ! »
« Les démarches environnementales doivent être menées collectivement »
« En ce moment, dans les vignes, c’est l’épillonnage. Ce terme issu du patois local consiste à supprimer les entrecœurs, soit les petits rameaux non fructifères, pour aérer la vigne, lui donner de la vigueur et ainsi limiter les risques de maladie. Mon père gère les travaux des vignes depuis quarante ans, il a toujours choisi de faire ce qui est le mieux pour nos terres, pour nous et notre équipe. Nous sommes en conversion en bio depuis août 2022 pour être certifiés à l’horizon 2025. Cela s’est fait naturellement, car depuis 2016, nous travaillons les sols pour s’émanciper du désherbage chimique, et nous avons adopté la confusion sexuelle il y a des années (une méthode biotechnique contre les vers ravageurs). Nous avons dû attendre que les paysans alentours s’y mettent pour ce que ce soit réellement efficace. C’est la preuve que les démarches environnementales doivent être menées collectivement. Aujourd’hui, tous les vignerons de l’appellation jouent le jeu pour entrer dans cette dynamique ! »
Domaine des Combat
580 route de l'Abricotine
26600 Mercurol-Veaunes
04 75 06 70 39 - www.domaine-des-combat.fr