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Pascaline Lepeltier : "La syrah est sur toutes les tables aujourd’hui"
Après avoir régalé des années durant les gosiers new-yorkais à feu Rouge Tomate et Racines NY, la french sommelière officie désormais au Chambers, tout au sud de Manhattan. Ensemble, on a parlé de la place des vins de Crozes-Hermitage à Big Apple en général et dans la cave du Chambers en particulier. Un entretien avec Elodie Louchez.
Cela fait près de quinze ans que tu vis à New York. Comment perçois-tu l’intérêt pour les vins de Crozes-Hermitage ?
– Il est grandissant, c’est indéniable. C’est une appellation qui a le vent en poupe auprès du grand public, surtout que la syrah est sur toutes les tables aujourd’hui. Les New- Yorkais sont très ouverts, toujours prêts à faire de nouvelles découvertes : ils ont appris à connaître Crozes-Hermitage. Et puis les vins de l’appellation ont un gros atout : leurs prix restent raisonnables, ce qui n’est pas négligeable en cette période.
Et du côté des cavistes et des sommeliers ?
– Historiquement, ceux qui ont introduit les vins de Crozes-Hermitage à New York sont de grands professionnels, passionnés par les vins de la Vallée du Rhône. Ils ont posé les bases dans les années 2010 et fait élever le niveau des dégustations. Le Covid a ensuite énormément changé de choses à New York : beaucoup de gens ont quitté la ville et la jeune génération a pris le relais avec une grosse envie de découvertes. Mais New York est une grande ville et des vins comme ceux de Crozes-Hermitage coexistent sans problème avec des vins venus de Grèce, d’Autriche ou d’Australie.
Aujourd’hui, qui sont les grands spécialistes des vins rhodaniens à New York ?
– On ne peut pas ne pas parler de Daniel Johnnes, un ancien sommelier qui a notamment travaillé avec le grand chef Daniel Boulud. C’est lui qui a lancé La Tablée New York, un événement qui, une fois par an, célèbre les vins de la Vallée du Rhône, à la fois dans les restaurants partenaires et lors d’une dégustation où le grand public peut rencontrer des vignerons.
Qui boit des vins de Crozes-Hermitage à New York ?
– On retrouve bien sûr des gens de la tech et de la finance, très inscrits dans le microcosme new-yorkais, mais aussi des amateurs nettement moins argentés. Au Chambers, je vais souvent chercher mes références dans des appellations qui, comme Crozes-Hermitage justement, me permettent de garder de la cohérence au niveau des prix.
Précisément, comment t’y prends-tu de ton côté pour sélectionner tes vins ?
– En fait, j’ai encore beaucoup de bouteilles qui étaient dans la cave du Racines NY. Au quotidien, je jongle donc entre des millésimes anciens et nouveaux ! Mais les vins qui entrent à la carte aujourd’hui sont tous issus d’une démarche visant à respecter le vivant. Au Chambers, on essaie de comprendre chaque vin de façon, disons, holistique, c’est- à-dire qu’on s’intéresse aux qualités du vin, mais aussi à l’histoire du domaine, à son modèle économique, à sa façon d’appréhender le vivant... Quant aux vins de Crozes-Hermitage, on en a plusieurs à la carte !