
Yannick Benjamin : "Crozes-Hermitage, c’est une belle affaire, vraiment !"
Yannick Benjamin est un sommelier new-yorkais (passé par The University Club, Contento et Le Du’s Wine), aujourd’hui propriétaire de la cave Beaupierre Wines. Il est l’un des co-fondateurs du Wheeling Forward, une association qui organise des ventes de vins aux enchères au profit des personnes en situation de handicap. Un entretien par Katie Melchior.
Ouvrir Beaupierre Wines, au cœur du quartier de Hell’s Kitchen, là où se déroule l’intrigue de West Side Story, n’était pas une décision préméditée de la part de Yannick Benjamin. « Je suis allé rendre visite à mes parents un après-midi et j’ai remarqué que la vitrine d’un magasin du rez-de-chaussée de leur immeuble était vide. » Quelques coups de fil plus tard, Benjamin dispose d’un lieu où il peut développer une approche très personnelle du vin, inspirée par la figure du caviste à la française. L’offre est réduite mais très sélective et chaque bouteille est décrite. Les New-Yorkais iront peut-être ailleurs s’ils préfèrent l'exhaustivité mais Beaupierre Wines leur conviendra s’ils cherchent un caviste qui se porte garant de ses vins. Car Benjamin est du genre à ne vendre que des flacons qu’il aime. « Est-ce que ce sont des vins qu’on mettrait sur la table et qu’on boirait soi-même ? Est-ce que ce sont des vins qu’on apporterait à une soirée et qu’on serait fier d’offrir ? » Voilà les questions que Benjamin se pose toujours avant de rentrer une nouvelle référence en plus de voir comment celle-ci s’inscrit dans une démarche de progrès, écologique ou social.
Parlez-nous des Crozes-Hermitage que vous proposez…
- Je référence toujours deux vins de l’appellation afin de présenter la diversité du vignoble... ce qui me permet en plus de m’adresser à différents types de clients ! Il s’agit toujours de cuvées qui approchent ce qui fait pour moi l’essence des vins de Crozes-Hermitage : un petit côté fumé-olive noire avec des notes de garrigue. En ce moment, je propose notamment le Domaine des Entrefaux, un domaine en agriculture biologique qui produit des vins tout en retenue.
Que représente le Crozes-Hermitage pour vous ?
- Vous, vous y êtes déjà allée ? Non ?!! Moi, j’y étais en début d’année ! Ça a été une expérience remarquable. Il y a vraiment de très beaux vins en Crozes-Hermitage et les consommateurs américains peuvent y trouver des rapports qualité-prix incroyables. Lorsqu’on voit que tant d’entre eux doivent être récoltés à la main et que tous les producteurs partagent un même engagement fort en faveur de la qualité, c’est fou qu’on puisse en trouver 30$ la bouteille. Crozes-Hermitage, c’est une belle affaire, vraiment!
Comment rendre les vins français plus accessibles aux Américains ?
- Je pense que nous sommes mieux placés qu’il y a quelques années, mais il est vrai qu’il nous faudrait davantage de formateurs et d’ambassadeurs. À mon sens, le chaînon, c’est la cuisine. Dans chaque ville des États-Unis il y a des restaurants italiens qui proposent des cartes des vins avec seulement des vins italiens. Ce qui s'est passé avec la cuisine italienne s’est passé différemment avec la cuisine française. Mais à New York, nous assistons à une renaissance de la cuisine française moderne et j’ai bon espoir que le mouvement se propage dans tout le pays. Je pense aussi qu’une sorte de contre-étiquette uniformisée serait utile. Imaginez si chaque contre-étiquette donnait les mêmes informations de manière lisible : l’appellation, les cépages, les notes de dégustation, les accords mets-vin... L’impact serait phénoménal ! Mais, d’ici là, je pense qu’on va devoir tous les deux continuer à travailler dur pour éduquer les consommateurs !